Des experts indépendants des Nations unies ont fermement condamné l’interdiction du hijab dans le sport français, qualifiant cette mesure de discriminatoire dans une déclaration publiée ce lundi 29 octobre 2024.
La critique vise particulièrement plusieurs décisions récentes :
- L’exclusion des joueuses voilées par les fédérations de football et de basketball
- L’interdiction pour les athlètes françaises portant le hijab de représenter le pays aux JO de Paris
- Les restrictions appliquées même au niveau amateur
« Les filles et femmes musulmanes qui portent le hijab doivent avoir des droits égaux de participer à la vie culturelle et sportive, et de prendre part à tous les aspects de la société française dont elles font partie », soulignent les experts dans leur communiqué.
La position française s’appuie sur le principe de laïcité, comme l’avait précisé le ministère des Sports dans une note de juin 2024 : « Lors de Jeux Olympiques et Paralympiques, le port de signes ou tenues à caractère religieux est proscrit pour les membres de l’équipe de France en application du principe de neutralité ».
Cependant, les experts de l’ONU rejettent catégoriquement cet argument. Pour eux, « la neutralité et la laïcité de l’État ne sont pas des motifs légitimes d’imposition de restrictions des droits à la liberté d’expression et à la liberté de religion ou de conviction ».
Ces mesures sont jugées « disproportionnées et discriminatoires » par les rapporteurs spéciaux et le Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles, qui estiment qu’elles « enfreignent leurs droits de manifester librement leur identité, leur religion ou croyance en privé et en public ».
Les experts appellent la France à prendre des mesures concrètes pour protéger ces femmes et ces filles, particulièrement « dans un contexte d’intolérance et de fortes stigmatisations envers les femmes et filles choisissant de porter le hijab ». Ils insistent sur la nécessité de « promouvoir l’égalité et le respect mutuel de la diversité culturelle ».
Il est à noter que cette interdiction ne s’applique pas aux sportives des délégations étrangères participant aux compétitions en France.